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HDW ou Alexandre « le bienheureux » |
20 mars 2015 16 heures, 3 ans presque jour pour jour après le passage de Dgiz et Pierre Lambla, dans le cadre de l’Europajazz, le Slam revient au lycée. Et cerise sur le gâteau, c’est un ancien élève : Alexandre Sepré, retour aux sources.
Première partie : des élèves vont présenter leur travail réalisé en amont avec Alexandre. Ils seront jugés par un jury volontaire.
Deuxième étape : Concert de HDW, Alexandre Sepré.
Avant tout il faut bien le dire : Alexandre est (paraît?) très à l’aise et content d’être là. Il communique sans trop de difficulté son enthousiasme et c’est très appréciable en tant que spectateur. Même si le Slam ne se revendique pas du Hip Hop, mais comme un courant bien à part, on pense tout de suite au MC, capable de remuer les foules les plus léthargiques.
Les élèves participant à l’atelier sont déjà là, tout le monde s’installe. Qui dit jury dit « compétition ». L’ambiance est détendue, les règles du jeu sont simples : ils chantent (élèves), ils notent (jury) : sur un barême de 0 à 10. Un atelier avec l’artiste leur a permis auparavant de préparer leur prestation qu’ils présentent aujourd’hui face à leurs camarades.
Tout est bien senti, le passage des élèves slameurs est tiré au sort dans la foule, puis vient le moment où ils se présentent devant nous. Le démarrage est tranquille et plutôt doux, Le texte est bien écrit, la diction facile, l’ambiance s’installe doucement. Le vote du jury permets de créer une liaison sympathique entre les représentations, Alexandre donne le là, les participants sont plutôt en confiance.
La suite se corse. Il faut bien l’admettre passé l’introduction, les sujets abordés se font plus pesants. Notre société nous apparaît telle qu’elle est et ce n’est pas toujours rose, loin de là … Face à ces textes singuliers, profonds, parfois très personnels; au-delà des prestations plus ou moins hésitantes, plus ou moins remplies de colère ou d’incompréhension, on se dit : le travail est là, et c’est bien là l’essentiel. Tous les élèves, à leur façon, ont exprimé leur sentiments, leurs émotions, ou encore leurs revendications. Et comme dit parfois, un certain B.L., chanteur français engagé d’une autre génération : « et c’est lourd de sens ».
Pour le concert d’HDW, le slam est fluide et travaillé tout en finesse, loin des « kiffe la vibe » d’autres « chanteurs » français du moment. Mais au delà de ces considérations aventureuses, revenons plutôt au concert.
Alexandre est accompagné d’une pianiste, Louise Gravez, qui souligne subtilement ses paroles. Il le dit lui même qu’il n’a pas une grande voix, mais sa diction ciselée et son interprétation lui permettent de faire vivre ses histoires et d’emmener le spectateur là où il le souhaite.
L’époque de l’insouciance au lycée n’est pas si loin derrière lui, mais les premiers aléas de la vie sont déjà passés par là et cela se retrouve dans ses textes. Son parcours personnel, la mort d’un proche, autant de signes d’une maturité déjà affirmée et assumée. On peut avoir 25 ans et être lucide face aux événements difficiles de la vie.
Plus qu’un premier bilan, il nous dévoile ses impressions face à ce qu’il vit. Il tord les mots, leurs redonne un sens, les fait sonner à la manière des griots africains, afin de nous transmettre une émotion, d’en révéler la vraie signification. Son discours s’accélère ou s’étire, la poésie s’installe et personne ne dit mot dans la salle. On perçoit parfois des intonations, un phrasé d’un Ab Al Malik, mais il nous rappelle l’instant suivant qu’il impose son style dans un univers déjà bien installé et fécond.
Bref un bon moment de partage et d’émotion. Et de mémoire de Yourcenar, un défi relevé haut la main, des élèves attentifs dans la salle et déterminés sur la scène.
PS : en plus nous apprenons à l’instant, sur la page Facebook de l’intéressé que la deuxième session slam à Yourcenar aura lieu l’an prochain, on a hâte : I feel good !
Soma Productions (2014)
